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8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 08:00

Nathan, douze ans, s'interroge sur l'allemand. Apprendre une fois encore des choses absurdes risque d'être la fois de trop. Mais qu'est-ce donc que tous ces cas à apprendre, le nominatif, l'accusatif, etc. ?...
Retrouvons un peu de sens, car, contrairement à ce que nous croyons souvent, ce que nous apprenons est loin d'être insensé contrairement aux apparences.

Apprendre une langue, c'est apprendre un autre point de vue sur le monde : cela rafraîchit l'esprit car cela nous sort de nos évidences.

L'allemand (sans majuscule à allemand donc je parle de quelque chose, ici, de la langue ; si je voulais parler d'un être, je mettrai une majuscule : l'Allemand), l'allemand va se poser cinq questions face à une situation.

La première : on se repose ou non ?
Il y a plein d'autres façons de la dire. C
'est un point de vue statique ou dynamique ? Envisage-t-on les choses comme si elles bougeaient ou comme si elles ne bougeaient pas ? Un appareil photo suffit ou une vidéo est nécessaire ?

Si c'est un point de vue statique, en grammaire on dit qu'il y a un verbe d'état.
Si c'est un point de vue dynamique, en grammaire on dit qu'il y a un verbe d'action.

 

Examinons le point de vue dynamique. Les quatre autres questions correspondent à chaque cas. Elles sont simples car si une langue était trop difficile, personne ne pourrait la parler ! Et les enfants n'arriveraient pas à l'apprendre, elle finirait par disparaître.

Donc, quatre questions simples (je n'ai pas dit faciles, j'ai dit simples).
Pour savoir à quel cas est un nom, etc.

Première question : est-ce l'acteur principal ?
Oui : c'est au nominatif.
Non : deuxième question.

Deuxième question : est-ce que ça pourrait le devenir ?
Oui : accusatif.
Non : troisième question.

Troisième question : est-ce qu'on fait ça pour ou contre lui ?
Oui : datif.
Non : quatrième question.

Quatrième question : est-ce qu'on parle de lui ?
Oui : génitif.
Non : il y a une erreur quelque part...

Nathan est très content : finalement, il y aurait bien du sens à trouver, et ça change tout.

Je lui donne quelques phrases pour s'entraîner.
L'une d'entre elles pour exemple :
Pierre écrit une lettre à Paul dans le salon.

Pierre : est-ce l'acteur principal ? Oui. Au nominatif.

Une lettre : est-ce l'acteur principal ? Non.
Est-ce que ça pourrait le devenir ? Oui : Une lettre est écrite par Pierre. Une lettre (à Paul) est écrite dans le salon par Pierre. Donc, une lettre, accusatif (en français on dirait COD !).

à Paul : est-ce l'acteur principal ? Non. Pourrait-il le devenir ? Non (À Paul, Pierre écrit une lettre dans le salon. C'est la même scène.)
Est-ce qu'on fait ça pour ou contre lui ou elle ? Oui. Datif : à Paul est au datif.

dans le salon : est-ce l'acteur principal ? Non. Pourrait-il le devenir ? Non. Est-ce qu'on le fait pour ou contre lui ? Non. Est-ce qu'on parle de lui ? Oui. Génitif.

 

Voilà, cela n'explique pas tout, cela ne fait pas tout, mais cela redonne du sens, et du coup une lueur d'espoir...

 

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2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 09:30

« Mon enfant ne lit pas ! », « Elle manque de vocabulaire »
J'entends parfois ces remarques des parents, et quelquefois des jeunes eux-mêmes.
Alors comment faire quand on ne lit pas, ou peu, ou pas « sérieusement », pour augmenter son vocabulaire ???

Eh bien il existe d'autres solutions ! Oui, des exercices de vocabulaire ! Et ça marche. Des centaines de mes élèves l'ont essayé avec succès. Ils ont aimé les diverses présentations, les exercices variés avec les façons originales, les illustrations. Alors n'hésitez plus !

Ah oui, je sens la remarque venir : c'est écrit pour la 4e et 3e. Certes. Mais si votre enfant est au lycée, il aura besoin du vocabulaire de base (et de vous à moi, la première fois que j'ai ouvert ce livre, je ne connaissais pas tous les mots... pour dire la richesse de cet ouvrage). Et s'il est avant la 4e, il y a de quoi faire facilement dès le CM2.

Le vocabulaire présenté est essentiel pour comprendre et expliquer un texte, au collège... et aussi pour le bac français. À moins de 11 euros, vous avez dit indispensable ?...
800 mots pour réussir, de Claude Lebrun et Geneviève Poumarède, aux éditions Belin.

 

 

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10 avril 2018 2 10 /04 /avril /2018 09:00

Voici un exemple d’utilisation d’une méthode utilisable par les élèves, leurs parents, les accompagnants, les enseignants, pour commencer l’étude d’un texte et en parler.

C’est une méthode en quatre étapes, que nous pourrions appeler COSA, pour Cadrage, Objectivité, Subjectivité, Action.

 

Quel que soit son âge, l’élève lit le texte quatre fois, en quatre étapes donc. On recherche à chaque étape des éléments précis dont on dresse une liste.

Lors de la première étape, le cadrage, on recherche quels mots permettent de savoir où et quand se passe le récit.

Lors de la seconde étape, l’objectivité, on recherche tous les éléments du texte se rapportant aux univers sensoriels : visuel, sonore, tactile, gustatif, olfactif.

Lors de la troisième étape, la subjectivité, on recherche les émotions ou les idées présentes dans le document.

La quatrième étape, l’action, recherche ce que font les choses ou les êtres.

 

Voici un exemple avec une poésie tombée au bac français en 2012.

 

L'Enterrement

Je ne sais rien de gai comme un enterrement !
Le fossoyeur qui chante et sa pioche qui brille,
La cloche, au loin, dans l'air, lançant son svelte trille1,
Le prêtre en blanc surplis2, qui prie allègrement,

L'enfant de cœur avec sa voix fraîche de fille,
Et quand, au fond du trou, bien chaud, douillettement,
S'installe le cercueil, le mol éboulement
De la terre, édredon du défunt, heureux drille3,

Tout cela me paraît charmant, en vérité !
Et puis tout rondelets, sous leur frac4 écourté,
Les croque-morts au nez rougi par les pourboires,

Et puis les beaux discours concis, mais pleins de sens,
Et puis, cœurs élargis, fronts où flotte une gloire,
Les héritiers resplendissants !

Paul Verlaine, Poèmes saturniens, 1866

 

1 Trille : note musicale, sonorité qui se prolonge.
2 Surplis : vêtement à manches larges que les prêtres portent sur la soutane.
3 Drille : homme jovial.
4 Frac : habit noir de cérémonie.

 

Première étape – Cadrage (espace-temps)

se passe ce poème ? Dans un cimetière.

Quels éléments du texte nous permettent de le dire ? Bien que le terme « cimetière » soit absent, nous pouvons le deviner rapidement grâce au titre, « L'enterrement », repris dans le premier vers, et « Le fossoyeur », au second vers. Mais est-ce un cimetière catholique, protestant, juif, musulman ? « La cloche », « Le prêtre en blanc surplis », « l’enfant de cœur » permettent de savoir qu’il s’agit d’un cimetière catholique. Le poète décrivant la scène suggère que nous sommes en France, ou tout au moins en Europe.

Quand se passe ce poème ?

Avec « Tout cela me paraît charmant », l’auteur nous fait savoir qu’il assiste à la scène ou que l’action lui est contemporaine. On peut la dater d’avant 1866, date de publication du poème, ou d’une façon plus large, dans la seconde moitié du XIXe siècle.

 

Seconde étape – Objectivité (les univers sensoriels)

Recherchons les termes qui donnent à voir, comme ceux décrivant l’univers chromatique (les couleurs, valeurs...).

Nous trouvons « brille », qui indique un reflet métallique, « blanc » pour le surplis du prêtre, « rougi » pour le nez des croque-morts, « resplendissants » qui est au sens propre un terme indiquant la luminosité.

Il y a des couleurs suggérés par certains mots mais qui ne sont pas dites explicitement, comme le noir avec « au fond du trou » et « frac ». Nous reviendrons plus loin sur le contraste entre les couleurs dites et celles passées sous silence.

Pour l’univers sonore, nous avons « le fossoyeur qui chante », « la cloche » et son « trille », « le prêtre » qui « prie », la « voix […] de fille » de « l’enfant de cœur », les « discours concis » : chant, prière, voix, discours et son de cloche remplissent l’espace sonore.

Pour l’univers olfactif, peut-être que « les croque-morts au nez rougi par les pourboires » apportent l’odeur du vin par leur haleine chargée dans l’alcool bu avec les pourboires et qui rougissent leur nez.

Pour l’univers gustatif, seul le terme « pourboire » pourrait suggérer une boisson alcoolisée.

Pour l’univers tactile, nous relevons « fraîche », « chaud », « douillettement », « mol », « éboulement » qui donne une touche de rugosité atténuée par l’adjectif « mol », « édredon », « rondelets », et si nous ajoutons le ressenti corporel, nous avons également « svelte » et « élargis ».

 

Troisième étape – Subjectivité (émotions, idées, sensations)

« gai », « allègrement », « heureux », « drille », « charmant » racontent une émotion de joie, comme « cœurs élargis ».

« beaux » parle de l’idée la beauté, et nous trouvons un sentiment de fierté avec les mots « gloire » et « resplendissants ».

 

Quatrième étape – Action (actions des êtres ou des choses)

Le fossoyeur chante, et sans que le texte le dise de façon explicite, nous pouvons supposer raisonnablement qu’il manie la « pioche qui brille » pour creuser le trou.

La cloche sonne. Le prêtre prie, accompagné par l’enfant de cœur. Les croque-morts s’affairent autour du cercueil. Les héritiers, et peut-être aussi les amis du défunt, font de « beaux discours concis, plein de sens ».

 

Nous avons effectué les quatre étapes. Nous avons pu les faire grâce à notre connaissance du vocabulaire. Cela nous permet d’avoir déjà une idée, une compréhension du poème. Nous pouvons alors exprimer nos idées, nos émotions, nos sensations face à ce texte.

Jusqu’ici, nous n’avons utilisé aucune connaissance grammaticale ou technique du français. Nous pouvons toujours le faire, ou nous pouvons toujours rechercher les corrections standards disponibles, celle que peut donner un enseignant, celle que l’on trouve sur internet, et on s’apercevra que nos quatre étapes permettent de mieux comprendre ces corrections.

 

Je vais maintenant apporter une touche d’analyse grammaticale, dans la suite de celle reprise de Georges Galichet et travaillée avec les concepts que j’ai élaboré à partir de la théorie d’un de mes maîtres et amis, Antoine de La Garanderie.

 

Reprenons les quatre étapes.

La scène se passe dans un cimetière, mais ce terme lui-même n’est pas utilisé par l’auteur. À la place, il mentionne un « enterrement » et un « fossoyeur ». Recherchons les catégories grammaticales de ces mots. Ce sont bien des noms, mais alors que « cimetière » est un nom d’endroit, « enterrement » est un nom d’action et « fossoyeur » un nom d’acteur.

L’auteur a donc préféré deux éléments dynamiques, action et acteur, à un élément statique, endroit, pour nous permettre de situer le récit dans l’espace. Nous pourrions y voir la trace de la tournure de pensée du poète qui a toujours eu un faible pour une vie de bohème, mais cela serait peut-être exagéré. Nous pouvons noter cependant un premier antagonisme : au lieu de parler directement d’un endroit désignant l’absence éternelle de mouvement – le cimetière – l’auteur choisit de le cacher pour mettre en avant deux termes dynamiques.

Le poème ne donne aucune indication temporelle : ni la saison, ni l’année ne peuvent être deviner. L’action est simplement contemporaine à l’auteur, autour de 1866, date de publication du poème. En ne donnant aucune indication explicite de date, on est autorisé à croire que l’action peut se dérouler n’importe quand. Cela aide à donner l’impression d’une description hors du temps, d’une relation (le fait de relater, dire) d’un fait général voire une vérité absolue.

 

L’univers visuel raconté met en lumière le reflet métallique, les couleurs blanche et rouge, mais cache la couleur noire derrière d’autre mots. Nous retrouvons ici un second antagonisme.

L’univers tactile regorge de contrastes : le mot « fraîche » s’oppose à « chaud », le mot « éboulement » contraste avec « mol », le mot « rondelets » qui décrit une horizontalité s’oppose à la verticalité de « frac écourté », comme « svelte » contraste avec « élargis ».

Notons au passage le choix du terme « éboulement », plus dynamique que le statique « éboulis ».

L’univers olfactif compte un contraste sous-entendu : les croque-morts qui devraient avoir une haleine fétide – à croquer le gros orteil du défunt pour s’assurer qu’il est bien mort – se retrouvent à exhaler le vin rouge.

 

Ces antagonismes se prolongent au niveau émotionnel : nous voici au cimetière, lors d’un enterrement, et au lieu de rencontrer de la tristesse, de la peine ou des sentiments sombres, l’auteur nous donne des mots joyeux, de la beauté et de la lumière. Même le « défunt » devient un « heureux drille ».

 

Et le choix du dynamisme entamé avec le choix de noms d’actions au détriment d’un nom d’endroit se retrouve lors des actions : chaque personne fait quelque chose, et même les choses mentionnées comme la pioche ou la cloche sont également en mouvement.

 

L’auteur joue ainsi à cache-cache, en occultant certaines choses évidentes, comme le caractère statique du repos éternel, la couleur noire ou la tristesse, et en mettant en avant des éléments plus profonds : le dynamisme de l’enterrement, les couleurs étincelantes et la gaieté.

 

Cette analyse du texte n’a fait appel qu’à nos connaissances de vocabulaire et de grammaire. Même si on n’a pas relevé que la terre chaude recouvrait le cercueil comme une couverture douillette sur le mort, on aura relevé suffisamment d’éléments pour d’une part expliquer le texte, et d’autre part souligner qu’il y a de nombreux contrastes.

Lorsque le professeur de français racontera l’intention (présumée) de l’auteur de condamner la morale sociale comme une façade, une apparence, nous aurons des éléments pour étayer cette affirmation.

Lorsque nous apprendrons que c’est un sonnet, une forme de poésie destinée à parler d’amour ou de sentiments, nous y verrons mieux un autre clin d’œil de Verlaine à jouer avec les contrastes.

Et lorsque nous saurons que les deux quatrains de la première moitié du sonnet forment des rimes embrassées, nous sourirons de voir un autre clin d’œil du poète car nous nous souviendrons qu’en se refermant sur elles-mêmes, les rimes embrassées procurent un sentiment d’espace qui tout embrasse.

Mais tout ceci, c’est si nous avons suivi en français !... Ce qui n’est pas nécessaire pour effectuer les quatre premières étapes. Alors n’hésitez plus, parcourez vos textes à la recherche de leur lieu et leur moment, de leurs sensorialités, de leurs idées, émotions ou sensations, et de leurs actions.

Action !

 

 

 

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 16:00

À la fin du collège ou au lycée, quand on explique un texte à l’aide des « figures de style », il ne suffit pas d’étaler sa science en utilisant des mots compliqués comme « anaphore », « assonance » ou « allitération », il faut en plus expliquer à quoi servent ces procédés. Le minimum est de dire qu’il y a une répétition, d’un même mot pour une anaphore, d’une même voyelle pour une assonance et d’une même consonne pour une allitération. Pourquoi y a-t-il répétition ? Peut-être tout simplement pour insister, mettre en relief, persuader...

Mais comment expliquer ce que font certaines « figures de style » comme le chiasme par exemple ?...
Prenons un exemple classique, pris des Plaideurs de Racine : « Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. » et revenons à la démarche habituelle, identifier la nature de chaque mot – la catégorie grammaticale – et sa fonction, avant d’aller plus loin.
Dans cette phrase, « rit » est un verbe, comme « pleurera », et sert de groupe verbal. Quant à « vendredi » et « dimanche » ce sont des noms, qui complètent le verbe en précisant à quel moment se passe l’action, des « compléments circonstanciels de temps » si vous préférez....
« Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera » contient ainsi l’ordre : verbe, complément, complément, verbe.
Il y a une inversion : un chiasme. Avec cette figure de style, l’énoncé se referme ainsi sur lui-même et donne l’idée de quelque chose de complet, sans rien d’intéressant au dehors. Cela permet de donner l’apparence d’une vérité générale.

C’est la même chose avec les rimes embrassées et les rimes croisées.
Les rimes sont croisées quand elles alternent deux par deux, sous la forme A, B, A, B. Cela donne l’impression d’une liste sans fin, d’une énumération incomplète dont on a commencé le début sans la terminer.
Les rimes sont embrassées quand l’une encadre l’autre, sous la forme A, B, B, A. Cela donne l’impression d’un cadre, d’un ensemble, d’un stabilité.

Mes élèves auront reconnu la notion d’espace et celle de temps...

En résumé, pour identifier certaines figures de style, puis les expliquer, il est important de :
- repérer la catégorie grammaticale des mots (grille de neuf) ;
- repérer leur fonction ;
- trouver ce qui se passe dans le texte : répétition, ajout, utilisation de contraires, interruption, transfert... (grille de seize) ;
- identifier la figure de style ;
- découvrir ce qu'elle produit au niveau de la pensée.
Et bien sûr tout partager grâce au pouvoir de l’encre sur le papier !...

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26 novembre 2017 7 26 /11 /novembre /2017 12:00
Un exemple en langue des portes P1, P2, P3, P4.
Dans une langue :
- les onomatopées c'est du P1 ;
- les mots standards, c'est du P2 ;
- les mots techniques, c'est du P3 ;
- les expressions idiomatiques, c'est du P4.
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20 novembre 2017 1 20 /11 /novembre /2017 15:20

L'écriture inclusive, et les remous qu'elle suscite, met en évidence deux erreurs fondamentales de notre enseignement du français. Cela passe inaperçu car la meilleure façon de cacher la vérité est de la rendre évidente (pour les lectures d'Edgar Allan Poe, c'est la lettre volée que personne ne trouve car elle est clouée sur le mur, sous les yeux... et comme je dis souvent, il y a un vieux proverbe de gestion mentale que j'ai inventé il y a quelques mois "Tout sous les yeux, rien dans la tête !").

En France, on n'enseigne plus, ou mal, la différence entre la nature et la fonction. Mal car autrement nous n'en serions pas à débattre sur la violence faite aux femmes à travers l'écriture, et comment l'éviter avec l'écriture inclusive...
Mais qu'est-ce que cette distinction entre nature et fonction ?
Pierre est marcheur quand il marche, danseur quand il danse, médecin quand il exerce sa profession. Sa nature reste la même dans tous les cas : il demeure qui il est, sa fonction change selon le rôle qu'il a ou ce qu'il fait.
Certes, dans le langage courant, nous dirons que Pierre est médecin. Mais cette commodité est ruineuse en pédagogie. Car nous en viendrons à dire que cet élève est nul car il a zéro, qu'il est dyslexique parce qu'il a une dyslexie, etc. On peut se débarrasser de ce que l'on a, on peut changer de rôle. Mais changer qui l'on est... c'est plus dur, c'est la nature. Il s'agit donc ici de différencier ce qui relève de l'être, la nature, de ce qui relève de l'avoir, la fonction.
Devenir juste quelqu'un qui a ou qui fait, c'est oublier la personne. Et c'est sans doute cette violence de l'oubli de l'identité que veut combattre, maladroitement, l'écriture inclusive. Car il vaut mieux attaquer le mal à la racine plutôt que  de s'en prendre à un symptôme incompris.
En français standard, on écrivait "Madame LE professeur", "Madame" pour indiquer la nature, et "LE" pour indiquer la fonction. Notre langue a donc toujours été prête pour que des femmes (nature) puissent exercer les métiers (fonction) de leur choix. La première erreur est d'oublier cette différence entre nature et fonction.
Et pour ceux qui auraient besoin de plus de clarté, la nature, c'est le sexe, la fonction, c'est le genre. Une table n'a pas de vagin, mais c'est un mot féminin. Masculin ou féminin ne parlent donc pas de sexe mais bien de genre. La langue nous invite à nous rappeler qu'il n'y a pas de métiers "d'hommes ou de femmes" mais des métiers masculins ou féminins, ce qui n'est pas exactement la même chose. Distinguer nature et fonction libère donc des carcans de l'esprit.
C'était la première erreur, fondatrice de toutes les autres en langues.

La seconde erreur est plus subtile : nous n'enseignons plus la typographie. Pour preuve, l'usage du trait oblique "/", ou slash, qui veut dire "ou" et non pas "et". Ou encore la croyance répandue que les majuscules ne prendraient pas d'accents... comme si "ÉLÈVES EN PLEIN AIR" voulait dire la même chose que "ÉLEVÉS EN PLEIN AIR".
Aurions-nous enseigné la typographie que nous saurions tous que le point indique une fin, et pas une option comme dans l'écriture "inclusive".
Mais pourquoi n'enseigne-t-on pas ? Parce que nous sommes sous le joug de Windows qui a fait disparaître les guillemets français, en chevron, «...», au profit des guillemets anglais, "..." ? En partie. Mais surtout par paresse : la typographie est le raffinement de la langue écrite. C'est la dernière touche de maquillage de la phrase, la marque d'une certaine coquetterie... Mais en oubliant cet enseignement, en formant des brutes, nous avons choisi de vivre dans un monde de brutes. Rien d'étonnant alors de voir les filles hurler quand on oublie le E. C'était pourtant connu...
on ne fait pas de grammaire sans casser des E !

 

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24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 08:00

Comment se servir de ce que nous connaissons sur la pensée en mouvement pour apprendre du vocabulaire, nécessaire dans l'exercice d'une langue ?...

Une façon est d'utiliser les quatre portes P1, P2, P3, P4 pour chaque mot.

Une façon d'utiliser P1 est de disposer d'exemples de phrases avec le mot.

Une façon d'utiliser P2 est de connaître la traduction ou la définition du mot.

Une façon d'utiliser P3 est de savoir son étymologie.

Une façon d'utiliser P4 est de nuancer le mot avec ses synonymes.

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 21:25
La rentrée va avec l'alphabet pour un prof d'espagnol : petit instant amusant avec les quatrièmes... Ou « Méfions - nous de nos évocations »
 
Nous avons donc découvert la prononciation de chaque lettre. Puis comme il n'y a pas que des débutants dans le groupe, je leur ai demandé de trouver un mot en espagnol pour illustrer chaque lettre.
Donc ils ont commencé :
"A" de avión
"B" de Barcelona
"C..." là je leur explique que comme en français , deux sons sont possibles donc nous reprenons,
"C" de Carlos,
"C" de .... et personne ne trouvait ...
J'attends. Et pour déclencher une idée, j'écris au tableau "ci" et "ce" et je les dis "ce" "ci". Là un débutant me dit tout haut "SID". Je le félicite et on continue. Je me dis quelle culture, il connaît le CID !

Puis le lendemain nous écrivons pour la première fois notre alphabet au tableau puis dans le cahier.
Nous arrivons au "ci...", personne ne se souvient du mot...
Notre découvreur de la veille réagit et dit son mot.
Je l'écris et je le félicite en lui disant que cela m'a surprise qu'il connaisse ce personnage. Là il me dit :
- « Mais c'est pas celui-là, Madame, moi le mien il vient de l'Âge de glace ! »
Les évocations révèlent bien des surprises...
 
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1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 10:00

Que propose la formation Apprivoiser la grammaire ?

1. Tout d'abord de connaître les bases de la grammaire pour accompagner quelqu'un en français, comme des enfants de primaire ou des jeunes de collège ou lycée.

2. Ensuite, de développer sa clarté d'esprit, sa conscience ou sa logique. Pour utiliser des termes plus techniques, de voir comment la langue joue avec la polarité spatio-temporelle, jongle entre le pôle du nom et le pôle du verbe, explore les différentes possibilités pour ne jamais se laisser figer dans une description.

3. Enfin, d'augmenter sa collecte de renseignements sur le fonctionnement de l'autre et le sien. Lorsque deux personnes échangent à l'oral, lors d'un dialogue par exemple, il y a ce qui est dit avec les mots, et ce qui est dit avec le corps, l'intonation, la posture, mais aussi avec la construction grammaticale des phrases.

Ce qui est dit par les mots seuls, c'est le niveau verbal de la communication ou les signaux de forte intensité, que tout le monde peut noter.

Ce qui est dit à travers les détentes, tensions ou contractions musculaires, c'est le niveau non-verbal de la communication ou les signaux de faible intensité, que tout le monde ne voit pas mais que chacun ressent plus ou moins (on sent que l'on est en phase avec son interlocuteur ou non).

Ce qui est dit à travers les choix grammaticaux de la personne, correspond à un niveau intermédiaire entre verbal et non-verbal. Cela reflète la structure de pensée de la personne. Cette prise d'indices est très utile pour les niveaux avancés de pratique de dialogue pédagogique.

On peut donc trouver différents intérêts dans le suivi de cette formation.

À qui s'adresse-t-elle ?

À tous, parents, professionnels de la pédagogie ou de la communication, étudiants. Aucune connaissance de base n'est requise.

Qui l'a créée et pourquoi ?

Cette formation fait partie du travail de recherche de Frédéric Rava-Reny, formateur-chercheur en pédagogie. Elle répond à un besoin simple : comment faire acquérir le plus rapidement possible à quelqu'un les bases qui lui manquent ? Et aussi au besoin pour certains élèves d'apprendre plus vite, donc c'est aussi un programme d'enseignement accéléré, très utile aux enfants qui s'ennuient comme aux enfants précoces, ou tous les curieux d'une façon générale.

Quel coût ?

Pour rendre la formation accessible au plus grand nombre, IFeP la propose à 50 € par personne en 2015. Il y a aussi des tarifs de groupe (contactez nous !).

Où ?

N'importe où ! Cette formation a déjà été donnée à Bordeaux, Lyon, Paris, Marseille... Nous avons des formateurs agréés partout en France, et ils se déplacent ! Il suffit d'en faire la demande ou de se renseigner. Vous pouvez nous contacter au 06 05 29 43 05 pour en savoir davantage.

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 10:00

Dans la formation Animer le dialogue pédagogique, nous apprenons qu'entre ce qu'une personne dit et ce qu'elle pense, il y a un écart. Écart naturel car entre ce qui se passe en la personne, ce dont elle est consciente, ce qu'elle arrive à formuler et ce qu'elle consent de dire, il y a souvent des pertes.

Nous pouvons vivre cette expérience en apprenant une langue étrangère : parfois nous dirons ce que nous pourrons, et pas forcément ce que nous voulons.

Dans notre vie, quotidienne, familiale, sociale... c'est la même chose.
Nous sentons un écart, une perte d'intensité entre ce que nous vivons et ce que nous pouvons en dire. Aussi sommes-nous heureux de pouvoir trouver nos idées, nos pensées, nos sentiments, nos sensations si justement décrits sous la plume d'un auteur dont nous ferons alors la publicité.

La littérature est alors une mise en lettre de notre intériorité. Écrire devient mettre en lettres notre intérieur. Et cette mise en ordre à l'extérieur clarifie notre intérieur brouillon, et cette concordance entre le monde et nous délivre un sentiment d'harmonie.
À nous de trouver les lectures dont nous sommes le reflet...

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