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8 mai 2020 5 08 /05 /mai /2020 08:00

Nathan, douze ans, s'interroge sur l'allemand. Apprendre une fois encore des choses absurdes risque d'être la fois de trop. Mais qu'est-ce donc que tous ces cas à apprendre, le nominatif, l'accusatif, etc. ?...
Retrouvons un peu de sens, car, contrairement à ce que nous croyons souvent, ce que nous apprenons est loin d'être insensé contrairement aux apparences.

Apprendre une langue, c'est apprendre un autre point de vue sur le monde : cela rafraîchit l'esprit car cela nous sort de nos évidences.

L'allemand (sans majuscule à allemand donc je parle de quelque chose, ici, de la langue ; si je voulais parler d'un être, je mettrai une majuscule : l'Allemand), l'allemand va se poser cinq questions face à une situation.

La première : on se repose ou non ?
Il y a plein d'autres façons de la dire. C
'est un point de vue statique ou dynamique ? Envisage-t-on les choses comme si elles bougeaient ou comme si elles ne bougeaient pas ? Un appareil photo suffit ou une vidéo est nécessaire ?

Si c'est un point de vue statique, en grammaire on dit qu'il y a un verbe d'état.
Si c'est un point de vue dynamique, en grammaire on dit qu'il y a un verbe d'action.

 

Examinons le point de vue dynamique. Les quatre autres questions correspondent à chaque cas. Elles sont simples car si une langue était trop difficile, personne ne pourrait la parler ! Et les enfants n'arriveraient pas à l'apprendre, elle finirait par disparaître.

Donc, quatre questions simples (je n'ai pas dit faciles, j'ai dit simples).
Pour savoir à quel cas est un nom, etc.

Première question : est-ce l'acteur principal ?
Oui : c'est au nominatif.
Non : deuxième question.

Deuxième question : est-ce que ça pourrait le devenir ?
Oui : accusatif.
Non : troisième question.

Troisième question : est-ce qu'on fait ça pour ou contre lui ?
Oui : datif.
Non : quatrième question.

Quatrième question : est-ce qu'on parle de lui ?
Oui : génitif.
Non : il y a une erreur quelque part...

Nathan est très content : finalement, il y aurait bien du sens à trouver, et ça change tout.

Je lui donne quelques phrases pour s'entraîner.
L'une d'entre elles pour exemple :
Pierre écrit une lettre à Paul dans le salon.

Pierre : est-ce l'acteur principal ? Oui. Au nominatif.

Une lettre : est-ce l'acteur principal ? Non.
Est-ce que ça pourrait le devenir ? Oui : Une lettre est écrite par Pierre. Une lettre (à Paul) est écrite dans le salon par Pierre. Donc, une lettre, accusatif (en français on dirait COD !).

à Paul : est-ce l'acteur principal ? Non. Pourrait-il le devenir ? Non (À Paul, Pierre écrit une lettre dans le salon. C'est la même scène.)
Est-ce qu'on fait ça pour ou contre lui ou elle ? Oui. Datif : à Paul est au datif.

dans le salon : est-ce l'acteur principal ? Non. Pourrait-il le devenir ? Non. Est-ce qu'on le fait pour ou contre lui ? Non. Est-ce qu'on parle de lui ? Oui. Génitif.

 

Voilà, cela n'explique pas tout, cela ne fait pas tout, mais cela redonne du sens, et du coup une lueur d'espoir...

 

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12 avril 2020 7 12 /04 /avril /2020 08:00

Quand on est enfant, il y a les gentils et les méchants.
Le monde est facile à lire.
Peut-être car il s'agit de grandir, et d'agir, et que la dichotomie aide à trancher.

En grandissant, on s'aperçoit que la vie est plus complexe. Certes, en France, apparemment, on n'enseigne plus la trilogie thèse-antithèse-synthèse. Je regrette cette absurdité qui maintient les esprits dans un infantilisme. Pourquoi un infantilisme ? Car en refusant de montrer un modèle ternaire, on maintient la pensée dans un monde en noir et blanc, modèle enfantin qui sied aux bambins, marque infantile aux personnes plus viriles.
Est-ce dangereux ? Oui, cela affaiblit la République.  Pourquoi ? Car c'est la synthèse qui permet aux contraires, la thèse et l'antithèse, de vivre ensemble. Et notre société se nourrit de nos différences dont nous arrivons à faire des forces en les mettant en commun grâce au dialogue.
Cesser d'enseigner le dialogue entre deux points vues contraires, c'est empêcher les élèves, et plus tard les citoyens, de faire coexister la raison, suivre les directives de l'école, et le cœur, trouver du sens à l'existence. C'est les enfermer dans un choix cornélien. Que choisir entre "c'est comme ça, obéis, ta place est à ce prix" ou "c'est comme ça, désobéis, tu n'as plus de place". Soit le banc de l'école, soit le ban de la société. En plus des souffrances individuelles, parfois terribles voire létales avec le suicide, c'est la société toute entière qui se prive de talents qui n'ont pas surmonté cette absurdité. Tout le monde est perdant à ce jeu.

Nous devons enseigner de nouveau la trilogie thèse-antithèse-synthèse. D'un monde en noir et blanc où tout met en lumière un conflit de valeurs, nous passons à un monde où le jaune, le rouge et le bleu existent pour donner matière à la couleur.

Nous aurons ainsi franchi un grand pas en passant du binaire au ternaire. Mais pourquoi s'arrêter à une trilogie quand une tétralogie nous attend ?... Transposant en le sachant ou non les quatre sens de l'Écriture à la pédagogie, Antoine de La Garanderie nous redonnait une clé de lecture universelle : tout peut se lire à l'aune des quatre paramètres (ou portes, ou points de vues, etc.) P1, P2, P3, P4. La médiévale tétralogie histoire, allégorie, tropologie, anagogie, s'actualise en concret, convention, opération complexe, opération élaborée. Ou action, cadrage, objectivité, subjectivité.
Ceux qui se réclament de la "gestion mentale" sont censés connaître par cœur cette tétralogie, et la manier avec brio au point d'être capable de faire un "profil pédagogique" dont la marque est un histogramme avec ces P1, P2, P3, P4.

Après plusieurs années de recherche, au fil de ses publications, La Garanderie découvrait l'existence de cinq gestes mentaux de base. Sa phénoménologie de la pensée rejoignait ainsi celle du corps que représente le taoïsme, selon lequel il y a également cinq mouvements de base. Parmi les applications pratique, le kung-fu, la médecine chinoise avec l'acupuncture et le tuina, la médecine japonaise avec le shiatsu, etc. Nous sommes bien passés de quatre à cinq.

Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?... Allons jusqu'à six. Voire sept même !
Mes recherches en noématique, recoupées par des études en sciences cognitives, montrent qu'il y a six natures de langage, ou six modes d'expression, ou six façons de produire.
Et mon modèle, exposé dans Les 32 joyaux de la pensée, se complète avec les sept niveaux de compréhension par lequel tout un chacun appréhende le monde extérieur.

Nous pourrions continuer, parler des huit modes de direction que j'enseigne à mes élèves de quatrième année, etc. mais revenons à notre monde en noir et blanc.
S'il nous est si familier et si charmant, ce n'est pas seulement parce que c'est un souvenir d'enfance. Ce n'est pas seulement par paresse intellectuelle.
C'est aussi parce qu'une fois sur le terrain de l'action, il n'y a plus que deux options, agir ou ne pas agir. Il faut donc trancher, comme dans tout acte de réflexion. Il faut arbitrer.
Et, in fine, il n'y aura que ce que l'on aura fait, d'un côté, et tout le reste, de l'autre (ce que l'on a pas fait, ce que l'on aurait pu faire, dû faire, etc.).
 

C'est le paradoxe de l'action : malgré l'effort organique (physique) pour l'accomplir, elle est reposante intellectuellement.
Faire le tri, couper les cheveux en quatre, s'esquinter, et tout le tintouin, c'est bien joli, mais c'est aussi éreintant. Arrive le moment du choix, où il faut agir !
L'action permet de faire la synthèse entre le corps et l'esprit.
La synthèse permet du corps et de l'esprit permet l'action...

Tout ça pour ça ! C'était bien la peine, me direz-vous, de quitter l'irénisme (le monde des Bisounours) enfantin pour y retomber.
Retomber, non. Enfant, nous n'avions pas conscience de la grande diversité du monde. Même si elle nous attirait ou nous émerveillait, nous ne savions pas ce qu'elle représentait. Nous n'arrivions pas à la penser, à l'appréhender. Prisonnier de cette dichotomie, cette variété nous restait étrangère. Soit elle nous aliénait, en nous faisant devenir un autre que nous-même (sans s, c'est bien d'un être singulier dont je parle !), soit nous la rejetions. En la concevant grâce à la trilogie et ses suivantes, nous redonnons naissance à nous dans le monde.
Cet être renouvelé contacte le cœur calme et joyeux de la conscience : enfantin, enfin !

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12 octobre 2018 5 12 /10 /octobre /2018 08:00

Nous pouvons attendre de nous réveiller un jour avec une motivation qui nous permettra d'aller en cours ou d'affronter les situations pénibles de la journée. Mais nous risquons attendre longtemps.

 

Pourquoi ?

 

Parce que dans une attente passive, le temps passe comme le train que regardent les vaches, sans les emmener en voyage vers de plus verts pâturages.
Une des racines profondes de la démotivation est la passivité, la croyance que non, nous ne pouvons rien faire, rien à rien. Or nous pouvons agir. Bien sûr, nous ne pouvons pas contrôler l'océan, mais cela n'empêche pas de prendre la mer et d'arriver à bon port. Nous ne pourrons pas changer la vie, mais nous disposons de suffisamment de capacités pour diriger notre vie.
Des films comme Le fabuleux destin d'Amélie Poulain illustrent cette possibilité de changer le cours des choses malgré une vie « banale ». Amélie Poulain pourrait sombrer dans la morosité du quotidien, céder à la tentation de se laisser aller et laisser agir les méchants à leur guise. Or elle n'en fait rien. Elle agit et change non pas l'univers mais le cours des choses, la vie des êtres qui l'entourent et en retour la sienne même.
Comme le disait Wang Yangming, un des quatre grands maîtres du confucianisme : « Agir est facile. »

 

Mais comment agir, comment en entretien sortir de cette passivité ?
Voici trois pistes.

 

Tout d'abord, distinguer « cerveau » et « conscience ». Pourquoi ? Si nous sommes le jouet de notre cerveau, nous retombons dans une passivité du style : « Je n'y peux rien, c'est mon cerveau ! » Tout devient alors inéluctable. Or c'est faux, le cerveau, organe plastique, est sensible à nos pensées qui le modèlent. Comme la poule et l’œuf qui s'engendrent mutuellement, notre cerveau est la base biologique de nos pensées qui en retour l'influencent. Ainsi, non seulement nous aurons notre mot à dire, mais le dernier mot.

 

Puis, comprendre que le temps de l'enfance est révolu, cette période d'insouciance (pour nous) où notre cerveau ou nos parents se souciaient de tout pour nous à notre place. Nous sommes devenus grands, au moins pour notre cerveau qui attend des instructions. En l'absence desquelles il tombe en déshérence. Pour comprendre corporellement cette situation, appuyez sur l'accélérateur de votre voiture ou pédalez à toute allure, et soudain arrêtez d'accélérer et de toucher votre volant ou votre guidon. Votre voiture ou votre vélo continue d'avancer, tandis que vous voilà réduit à une passivité totale. Il manque de votre part impulsion et orientation. Nous pouvons ainsi nous sentir démotivés tout simplement par oubli de notre part de responsabilité : c'est à nous d'orienter le cours de notre vie, en la prenant en mains.

 

Enfin, découvrir les trois éléments indispensables à toute activité réussie. Pour cela je donne trois activités. Je commence toujours par une activité de réussite (certains préfèrent commencer par faire vivre une situation d'échec à leurs élèves ou leurs stagiaires, histoire de bien montrer qui est le maître - je les laisse à l'inconscience de leurs actes). La personne ayant réussi une activité, elle dispose d'un matériel mental qu'elle a elle-même élaboré et que nous explorons ensemble. Je propose ensuite une activité où elle n'a pas de matériel mental à sa disposition, et où elle est donc condamnée à échouer. Ces deux activités, l'une réussie et l'autre non, permet d'établir une comparaison et de rechercher les conditions du succès. C'est bien l'activité mentale, la passivité engendrant inéluctablement l'échec. Nous terminons par une troisième activité, du style "test d'attention". Je montre ainsi le troisième élément indispensable à toute réussite : l'objectif.
Et il se trouve que c'est à chacun de nous de se fixer ses propres objectifs...

 

La passivité se nourrit d'une méconnaissance de la conscience, de la responsabilité que nous avons à la développer, des moyens de la faire grandir. Cette ignorance engendre la démotivation. Une connaissance plus grande de ses ressources conscientes et du rôle que nous avons à jouer dans notre propre vie alimente la motivation. Qu'attendons-nous pour agir maintenant que nous savons que faire ?...

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29 mai 2018 2 29 /05 /mai /2018 13:00

Extrait de dialogue entre un jeune collégien et moi-même.
- Je ne peux pas être attentif à ce cours, cela ne m'intéresse pas.
- Oui et alors ?
- Eh bien on ne peut pas être attentif à quelque chose qui ne nous intéresse pas.
- Ah bon ?...
- Ben oui.
- Mais comment sais-tu que quelque chose ne t'intéresse pas si tu ne la connais pas ?
- Je la connais déjà, je sais que cela ne m'intéresse pas.
- La première fois que tu l'as rencontrée, savais-tu que c'était inintéressant ?
- Non puisque je ne la connaissais pas encore.
- Donc pour la connaître tu as été obligé d'y être attentif.
- Oui, c'est vrai.
- Et ensuite, mais ensuite seulement, tu t'es rendu compte que cela ne t'intéressait pas.
- C'est ça.
- Donc tu as été attentif d'abord et ensuite tu n'as pas été intéressé.
- Oui.
- Donc l'attention est toujours avant l'intérêt, ou le désintérêt. Pour savoir si quelque chose est intéressant ou non, nous devons d'abord y prêter attention. Par contre, tu as raison, lorsque quelque chose nous intéresse, cela permet de soutenir notre attention.
Comme c'est beaucoup plus facile d'être attentif à quelque chose qui nous intéresse, nous avons l'impression que l'intérêt arrive en premier, alors que c'est toujours l'attention.

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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 11:00

L'ennui en cours peut venir de nombreux facteurs.
Pour le combattre, nous pouvons utiliser l'intérêt. Peut-être avez-vous remarqué que lorsque quelque chose nous intéresse, nous en avons beaucoup de souvenirs. L'intérêt engendre un grand nombre de souvenirs. Cela marche aussi dans l'autre sens : un grand nombre de souvenirs génère de l'intérêt. C'est comme un cycle, bien naturel pour une pensée en mouvement (geste mental = pensée en mouvement).
Par exemple, lorsque nous commençons à apprendre une langue étrangère, comme l'anglais, nous connaissons peu sur cette langue : nous avons peu de souvenirs en stock qui nous permettraient de comprendre cette langue. Du coup, si nous écoutons une discussion en anglais, assez rapidement, cela devient ennuyeux car nous n'y comprenons rien.
Par contre, en apprenant davantage de vocabulaire et de grammaire, donc en fabriquant des souvenirs, nous pouvons suivre plus longtemps la discussion qui, comme par enchantement, devient plus intéressante, moins ennuyeuse.

En résumé : plus on fabrique de souvenirs, moins on s'ennuie. Et moins on fabrique de souvenirs, plus on s'ennuie.

Fabriquer des souvenirs est donc souverain pour lutter contre l'ennui. C'est le premier travail de l'élève.

Mais comment fabriquer des souvenirs ?... Il y a au moins une trentaine de façons répertoriées, s'appuyant sur les éléments de base de la pensée. À chacun d'en faire une collection pour survivre en classe dans toutes les situations.

Ou presque. Car il y a une situation terrible : celle où le professeur submerge d'informations l'élève et l'empêche ainsi de fabriquer des souvenirs !
Par exemple, ces enseignants qui parlent du début jusqu'à la fin du cours aussi vite qu'une mitraillette tire ses balles. Les malheureux élèves doivent écrire à un rythme infernal, sans avoir le temps de penser un instant à ce qu'ils transcrivent... Que faire dans ce cas-là ?... La marge de manœuvre est très réduite.
Il faudrait déjà bien connaître le cours afin de comprendre ce que l'enseignant montre ou raconte et en fabriquer un souvenir durable. Cela nécessite un sérieux entraînement que la plupart des classes n'ont pas. Ou de récupérer le cours avant pour suivre plus facilement : les manuels peuvent aider.
Dans l'immédiat, avec ce genre de professeurs, l'ennui est inévitable ou presque. Une échappatoire rapide existe : ne pas avoir à noter le cours et essayer de comprendre.
Autrement, il faut s'entraîner à fabriquer des souvenirs plus rapidement : augmenter sa mémoire, déployer sa compréhension, afin de capter le maximum d'informations en cours. Mais comme tout entraînement, cela prend du temps.

Parce qu'il est impossible d'y fabriquer des souvenirs, ces cours resteront ennuyeux.

Mais dans toutes les autres situations, il y a des solutions plus simples !... Nous les verrons une autre fois.

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26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 07:30

Quel point commun entre Einstein, Archimède, Newton et Ampère ? Oui, ce furent tous quatre des génies des sciences, mais il y a autre chose. Chacun a utilisé la faculté de s'imaginer soi-même dans la situation qu'il voulait comprendre. Einstein s'est imaginé lui chevauchant un rayon lumineux, et trouve la théorie de la relativité. Archimède se met dans le bain et devient lui-même l'objet qui flotte et subit la poussée (d'Archimède). Newton allongé sous un pommier reçoit sur sa tête la pomme et découvre la loi de la gravitation. Ampère s'imagine être lui-même le courant électrique et découvre les lois de l'électricité...

Se mettre soi-même à la place d'une chose permet de développer l'intelligence et de découvrir des aspects inconnus de la réalité.

C'est la même chose quand on se met soi-même à la place de quelqu'un d'autre : cela développe l'intelligence et nous fait découvrir des aspects inconnus de la vie.
Et en plus on se fait des amis. C'est pas génial ?...

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25 mai 2018 5 25 /05 /mai /2018 10:00

 

Hormis les considérations morales sur le fait de tricher, qui peuvent nous amener à des questions difficiles, du style : « Pourquoi c'est mal de tricher ? (en plus tout le monde le fait) », il y a d'autres aspects à prendre en compte dans la triche.

Imaginons que nous trichions à un examen, et que nous l'obtenions. Bien sûr, nous serons contents de l'avoir. Mais il y a un prix à payer. Comment savoir si nous avons réussi grâce à notre tricherie ou grâce à notre travail personnel ? Nous courons le risque, grandissant année après année, de douter de nous, de ne pas trop savoir si nous sommes bien à notre place.

En trichant, c'est notre image de soi que nous mettons en jeu : avec le temps, le doute va s'installer et notre confiance en soi sera attaqué. Cela en vaut-il vraiment la peine ?...

 

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7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 16:00

Pour être attentif, il faut donner une direction à sa pensée (un projet) et mener une action. L’action consiste à se fabriquer un souvenir (évoquer). On peut évoquer de façon concrète (en P1), conventionnelle (en P2), logique (en P3) ou personnelle (en P4), et bien sûr un mélange de ces quatre façons dans des proportions personnelles.

Fabriquer des souvenirs en P4, c’est faire des associations personnelles – ce que La Garanderie nommait des opérations élaborées. Le souci, à l’école, c’est que cette touche personnelle n’est pas forcément bien vue : de l’humour, des métaphores, cela peut sembler comme un manque de sérieux. Aussi, par auto-censure, ou suite à des remarques désobligeantes des enseignants, l’élève va cesser de se fabriquer ces souvenirs personnels. Le nombre de souvenirs diminuant, l’attention diminuera aussi, et surtout l’intérêt. Le cours va devenir fade, jusqu’à tomber dans la dépréciation complète, et l’élève dans la dépression scolaire.

Mais qu’est-ce qui dérange dans le P4 ?...

Quand le P4 consiste à prolonger ce qui est donné, cela peut encore passer. L’enseignant montre quelque chose, l’élève va trouver la suite, l’extension : ce prolongement, s’il n’est pas trop original, peut passer et être accepté ou toléré. On dira à l’élève que l’on verra ça plus tard, ailleurs. Au début, l’élève prend son mal en patience : il est encore un enfant, il croit aux promesses des lendemains qui chantent que lui présentent la grande personne qui lui enseigne. Mais souvent, cet espace (ailleurs) et ce temps (plus tard), ne viendront jamais. Ou trop tard, quand le temps de l’attente aura érodé la curiosité de la jeunesse. Et souvent le jeune n’aura jamais dans les années ultérieures de sa scolarité les réponses à ses questions, les fameux « pourquoi ? » de l’enfance ou les « à quoi ça sert ? ». Adolescent, jeune adulte, que voit-il en se regardant dans la glace, sinon l’envers du décor et le côté obscur de la réalité ?... Le monde s’est désenchanté. Certains sombrent ainsi dans le nihilisme (l’univers est privé de sens), d’autres dans le solipsisme (le monde est la projection de ma pensée donc je fais ce que je veux), et une poignée dans un prêt à penser comme les intégrismes et terrorismes de tous ordres. Rien de surprenant que les zombies soient devenues les idoles des jeunes : c’est leur vrai visage, des morts vivants assoiffés de cervelle, métaphore sombre des êtres avides de sens (cervelle fraîche) aux rêves brisés (morts) qu’ils sont devenus (vivants malgré tout).

Et cela, rien qu’avec la version la plus acceptable socialement du P4, le prolongement. Qu’en est-il donc des deux autres ?...

Quand le P4 consiste à trouver une alternative à ce qui est proposé, à détourner ce qui est présenté, là, le représentant de la loi (P2) que représente le professeur peut se fâcher plus rapidement.

On ne dira plus de la personne qu’elle est inventive, mais qu’elle est excentrique, pas qu’elle est originale, mais qu’elle outrepasse les limites, qu’elle jette les germes de la contestation dans la classe. L’élève bien sûr ne comprend pas, car c’est juste ça façon de penser le cours, d’y être présent, d’être attentif. L’enseignant ou le parent gagnerait à être plus attentionné face à cette forme d’attention. Que le jeune indique un contre-exemple n’est pas la marque d’une contestation, mais d’une intégration personnelle, de son activité intellectuelle véritable.

Et quand le P4 consiste à combiner ce qui est présenté avec d’autres éléments, l’enseignant pourra hurler au bricolage, critiquant amèrement un salmigondis de concepts n’ayant rien à voir ensemble... alors que c’est justement cette combinaison personnelle qui marque le sceau d’une véritable activité cognitive de la personne.

 

Que ce soit par prolongement, par détournement ou par combinatoire, l’humour sera toujours suspect en cours, les apports personnels douteux, les comparaisons lointaines hasardeuses...

Alors l’enfant dont les yeux brillaient en faisant du P4 va commencer à s’éteindre. Il n’apprendra même pas « par cœur » au sens véritable du terme, car quand on met du cœur à l’ouvrage il y a de la joie, il apprendra une convention dénuée de sens, donc un arbitraire. Surtout il ne faut plus chercher à comprendre quoi que ce soit, c’est ainsi, voilà tout.

Voilà comment tout un pan de notre jeunesse s’éteint sur les bancs de l’école, et qu’au lieu de développer la capacité de choix, vitale pour nos démocraties, nous apprenons à notre jeunesse à obéir sans pensée, faisant le lit de toutes les violences.

Il est plus que temps de redonner sa place à l’humour, à la métaphore, à la quatrième porte de la pensée que La Garanderie avait nommé « paramètre 4 » : enrichissons nos cours et nos vies des prolongements, des mutations, des alliances entre les concepts, entre les choses et enfin entre les êtres. Il en va de la vie même de nos sociétés. L’humour, c’est très sérieux.

Frédéric Rava-Reny

 


Enseignant-chercheur en sciences cognitives à l’IFeP – Initiatives et Formations en Pédagogies – émanation européenne de l’IF, association fondée par Antoine de La Garanderie en 1978.
Son axe de recherche est l’hypothèse de l’existence d’un noyau central commun à toutes les disciplines – scientifiques, littéraires, sportives, techniques et artistiques.
Dans le cadre de son étude menée depuis 1983, l’alternance enseignement-recherche, terrain et théorie, dans ces différentes disciplines lui a permis d’éprouver la validité de ses découvertes.
 

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16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 09:00

En France, en ce moment, l'avenir de nos enfants se joue dans les négociations sur la formation.
Pourquoi ?
Actuellement, un enseignant, comme tout autre travailleur, ne peut pas choisir les formations qu'il souhaite. Même si comme tout travailleur une partie de son salaire est mis de côté pour ces formations. Et même si ces formations sont nécessaires, comme celle que nous proposons.
Avec la refonte actuelle de la formation proposée par le gouvernement, chaque salarié aurait enfin à sa disposition son budget formation, et choisirait celles qui lui sont utiles.

Nous ne pouvons qu'approuver cette démarche. Nous savons depuis des années que nos formations sont efficaces.
Les équipes pédagogiques qui se forment chez nous obtiennent des résultats éclatants, comme celle du projet PARI, qui reçoit par exemple le prix de l'innovation pédagogique un an après le lancement du projet.
Les enseignants qui suivent notre parcours de formation font réussir leurs élèves, sont reconnus comme exemplaires par les parents, et encouragés par leur hiérarchie.
Même efficacité observée chez les orthophonistes.
Quant aux parents, le sourire retrouvé de leurs enfants les invite à nous soutenir depuis 20 ans... surtout quand les notes augmentent en même temps !

Si les formations étaient vraiment libres et jugées sur leur efficacité, nous aurions remplacé les organismes qui forment les enseignants avec l'échec que nous connaissons : 11 % d'analphabètes à la fin du primaire, 20 % d'illettrés ou d'analphabètes à la fin du collège...
Sans compter l'explosion des troubles dys face auxquels l'école est démunie, alors que nos protocoles d'accompagnement marchent...

Une liberté dans la formation permettrait ainsi à tout enseignant qui le souhaite de suivre nos formations. Et plus d'attendre un jour ou deux consentis par sa hiérarchie...
Tout salarié pourrait aussi apprendre à être plus efficace tout en respectant ses valeurs personnelles.
Entre des parents qui retrouvent un confort et des enseignants efficaces, notre société pourrait enfin accompagner tous les enfants vers leur épanouissement.

Nous, on y croit. ;-)

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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 10:57

IFeP organise une projection du film "Une idée folle", en présence de la réalisatrice Judith Grumbach,  à Dax, mercredi 3 mai à 19 h 30, 11 avenue Sablar, entrée à 5,70 € et 4,50 €.
Venez nombreux ! ;-)

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